Jusqu'à quand ?
Comme pour le sevrage naturel du sein, l'idéal serait bien sûr que l'enfant puisse prendre son autonomie quant au sommeil le jour où il y sera prêt. Et dans ce cas, l'expérience montre qu'un jour, il aura envie d'avoir son lit, sa chambre (il est important qu'il ne se sente pas obligé de rester avec ses parents parce qu'il n'y aurait pas pour lui d'autre lieu où dormir dans la maison). S'il a des frères et soeurs, il aura peut-être envie de partager leur sommeil, plutôt que de se retrouver tout seul.
Mais certaines circonstances peuvent amener à vouloir accélérer les choses.
Il faut savoir tout d'abord que certains enfants ont des nuits vraiment très perturbées, et que cela peut être le signe d'un malaise quelconque. Certains parents ont vu de grandes améliorations à la suite de séances d'ostéopathie, de changements alimentaires (10), etc.
D'autre part, nous adultes ne sommes pas égaux face au sommeil. Nous n'avons pas tous besoin du même nombre d'heures de sommeil, nous nous rendormons plus ou moins facilement après une interruption, nous arrivons ou non à faire la sieste, etc. Et donc, nous supportons plus ou moins bien les nuits entrecoupées par l'arrivée d'un bébé.
Les besoins de l'enfant évoluent avec l'âge. Là où un nouveau-né ne peut attendre, un enfant plus grand pourra, lui, accepter un remaniement à ses habitudes. Le père arrive souvent bien, alors, à le sevrer la nuit, en allant le voir, le bercer, lui expliquer que tout le monde dort, etc.
A chaque famille de trouver la solution qui respecte au mieux les besoins de tous ses membres, et de rester assez souple pour savoir en changer si le besoin s'en fait sentir.
annexes :
D'où viennent les bébés ?
Lu dans la presse
Claude Didierjean-Jouveau
(1) Les travaux de McKenna et son éuipe ont été publiés dans diverses revues : Early Human Development, Acta Paediatr, Sleep, Breastfeeding Abstracts, Children's Environments.
(2) Signalons quand même au passage que selon Kathleen Auerbach, spécialiste de l'allaitement mondialement connue, à 8 semaines, les bébés prennent environ 30 % de leur ration alimentaire entre minuit et 8 heures du matin...
(3) Le texte complet de l'auteur a été publié dans AA n° 34.
(4) Santé du monde, mars-avril 1996.
(5) Dans son article "Les techniques du corps", Journal de psychologie, mars-avril 1935. Voir le chapitre "Berceaux, bercer, berceuses" dans l'ouvrage de Catherine Rollet et Marie-France Morel, Des bébés et des hommes, Albin Michel, 2000.
(6) Co-sleeping in context : sleep practices and problems in young children in Japan and the United States, S Latz, AW Wolf, B Lozoff, Arch Pediatr Adolesc Med 1999 ; 153(4) : 339-46.
(7) Dr Pinard, célèbre puériculteur français...
(
Représentations traditionnelles et contemporaines concer-nant le sommeil du jeune enfant en France, C Brisset, A Valette, Devenir, n° 3, 2000.
(9) Voir l'article d'Alain Contrepois, "Rituels d'apaisement et d'endormissement de l'enfant dans différentes cultures", Métiers de la petite enfance, novembre 1999, qui reprend les travaux de l'équipe d'Hélène Stork (voir bibliographie).
(10) Une étude a été faite à l'Hôpital Universitaire des Enfants de Bruxelles sur des enfants en bonne santé, âgés de 2 à 29 mois, se réveillant plusieurs fois par nuit. Après quelques semaines d'élimination des produits laitiers, tous les enfants sauf un commencèrent à dormir normalement, ne se réveillant qu'une seule fois, et dormant plus du double du temps. Lorsque les produits laitiers furent réintroduits en cachette chez la moitié des enfants, les problèmes de sommeil réapparurent.
A lire
Pour les francophones,
Le principal ouvrage à lire, si l'on veut être rassuré et déculpabilisé, c'est celui du Dr Sears, Etre "parent le jour... et la nuit aussi", édité par LLL et disponible à LLL Info-service.
Le petit livre d'Edwige Antier, Mon enfant dort bien (Guides France Info, 1998) tranche agréablement avec ce qu'on lit habituellement en France sur le sujet (voir AA n° 37).
L'ouvrage de Vicki Lansky, Les meilleurs conseils pour bien faire dormir son enfant (Chantecler, 1998), montre un assez bon respect des besoins de l'enfant, tout en étant régulièrement tenté par des méthodes d'"apprentissage" du sommeil. A lire avec un esprit critique.
Pour savoir ce qui s'est fait et se fait ailleurs que dans l'Occident moderne, le livre incontournable est celui édité sous la direction d'Hélène Stork, Les rituels du coucher de l'enfant. Variations culturelles (ESF éditeur, 1993).
Pour les anglophones,
Three in a bed, de Deborah Jackson, est une bonne défense et illustration du "co-sleeping".
Enfin, si l'on veut connaître les arguments de ceux qui pensent qu'il faut forcer les bébés à "faire leurs nuits", on peut lire Mon enfant dort mal de Marie Thirion et Marie-Josèphe Challamel (Presses-Pocket, 1993) ou Protégez le sommeil de votre enfant de Richard Ferber (ESF éditeur, 1990).
D'où viennent les bébés ?
Si l'on en croit un récent best-seller, les hommes viendraient de Mars et les femmes de Venus. Pour ce qui est des bébés, les experts pensent maintenant qu'ils viennent de quelque part près de la Voie lactée. Ce qui expliquerait que lorsqu'ils arrivent sur Terre, ils sont affectés d'une sorte de "jetlag" cosmique, et ne connaissent absolument rien des coutumes et styles de vie terriens.
Les Terriens, qu'ils soient de Mars ou de Vénus, sont très troublés de voir ces nouveaux arrivants ne pas se conduire tout de suite comme le font les Terriens adultes : manger selon un rythme terrien, dormir quand la nuit tombe, etc. Les Terriens sont très surpris de voir leurs tout-petits, naturellement synchronisés sur le temps de la Voie lactée, se conduire d'une façon pourtant tout à fait normale pour des citoyens de la Voie lactée.
Parents terriens, notez bien : vos bébés se conduisent parfaitement normalement pour des Voie-lactiens ! Les citoyens de la Voie lactée mangent toujours toutes les deux heures. Ils dorment le jour et sont debout la nuit. La nuit est faite pour s'amuser et rencontrer les amis. Si malgré tout, un Voie-lactien dort la nuit, il ne le fait qu'en groupe, comme les chiots, par peur du Monstre lacté qui attaque les petits Voie-lactiens quand ils sont seuls dans l'obscurité. Laissés tout seuls, ils ont peur et appellent à l'aide.
Quand ils arrivent, ils ne parlent pas un mot de français, ni d'anglais, ni d'aucune autre langue terrienne. Ils essayent de communiquer en langage voie-lactien, mais les Terriens ont beaucoup de mal à les comprendre. Parfois, au lieu de l'admettre, les Terriens préfèrent dire que c'est bon pour les poumons du Voie-lactien que de parler tout seul dans sa chambre pendant des heures.
Quand un petit Voie-lactien arrive sur Terre, il est important de comprendre d'où il vient, et de l'accueillir avec respect. Souvenez-vous qu'il a besoin de temps pour s'adapter à une nouvelle culture. Il a besoin d'amour et de patience. Il a besoin d'être avec des Terriens qui écoutent son langage en même temps que lui essaye d'apprendre le leur.
Les nouveaux parents doivent comprendre que le petit Voie-lactien ne se réveille pas la nuit pour les rendre fous : c'est juste sa façon d'être. Un jour, il comprendra qu'être debout la nuit n'est autorisé que pour les étudiants, les célibataires et ceux qui doivent travailler de nuit, comme les infirmières et les serveuses. Il apprendra à manger à des heures qui conviennent aux Terriens. Ce concept prendra un long moment à être assimilé parce que la meilleure nourriture pour le faire grandir en bonne santé, à savoir le lait vénusien, se digère très rapidement.
Si on le presse trop, le bébé Voie-lactien risque de ne pas avoir confiance en sa nouvelle planète et de mettre plus longtemps à devenir un petit Terrien indépendant.
S'il a de la chance, il trouvera un foyer avec des Terriens qui apprécieront ses qualités voie-lactiennes et se réjouiront de ses premières semaines si spéciales sur Terre, quand le bébé est tout neuf. Bientôt, il deviendra un vrai Terrien, mangera comme un Terrien, dormira comme un Terrien. Il est dangereux pour sa santé mentale et son bien-être de vouloir accélérer la transition. Ayez confiance, ça arrivera en son temps.
Ann Calandro, Waxhaw, Caroline du Nord,
paru dans North Carolina's Rocking Chair,
Printemps 1998
Lu dans la presse
Le mur de la "pensée unique" sur le sommeil des bébés serait-il en train de se lézarder ?
En juillet dernier, le magazine Psychologies titre : "Le nouveau débat : dormir ou pas avec ses enfants ?". Des parents y parlent de leur expérience. Un psychanalyste et un psychiatre y donnent leurs avis divergents.
En novembre, Top Famille Magazine titre : "Le lit des parents est-il encore tabou ?", citant Michel Dugnat, pédopsychiatre, qui reconnaît avec bon sens: "On a peut-être trop généralisé à toutes les familles les problèmes particuliers de certaines d'entre elles, dont la présence de l'enfant dans le lit des parents était l'un des symptômes".
Puis c'est Enfant Magazine qui donne les résultats d'un sondage. A la question "prenez-vous votre enfant dans votre lit, lorsqu'il pleure la nuit ?", 40% répondent "oui" et 14 % "de temps en temps". Et la psychologue Anne Bacus de commenter : "Si dormir à trois permet à tout le monde de récupérer pendant une période un peu turbulente - et que cela ne gêne pas l'intimité du couple - pourquoi s'en priver ?".
Mais Parents de décembre est là pour dénoncer "l'impact négatif de certaines attitudes des parents au moment du coucher ou lors des réveils nocturnes" et donner "la liste de ces mauvaises habitudes et les conseils des médecins pour redresser la barre" : ne pas endormir bébé ailleurs que dans son lit, ne pas le prendre dans le lit des parents en cas de réveil nocturne, ne pas attendre qu'il s'endorme pour quitter la chambre, etc.
www.lllfrance.orgPeut être reproduit, imprimé ou diffusé à condition de mentionner la provenance de cet article.
Publié dans Allaiter Aujourd'hui n° 46, LLL France 2001
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